« Notre » Père – Un « notre » encombrant

Cycle de CATÉCHÈSE SUIVIE SUR LE NOTRE PÈRE

Le grand saint Augustin, en ces jeunes années, déjà marqué par une quête insatiable de Dieu avait fait de cette phrase « Dieu et l’âme – rien d’autre » le programme de sa vie. Mais comme nous allons le voir, ce programme n’est pas chrétien. Nous n’allons pas au Père sans prendre les autres avec nous. Très naturellement en nous, peut venir cette résistance : Faut-il donc que je sois toujours encombré des autres ? Je suis moi, et moi seul est moi. Je suis fils seul, qu’ai-je besoin encore de prendre d’autres avec moi pour être avec le Père ? Mais est-ce si sûr ? Puis-je être vraiment moi-même seulement par moi-même. Le Notre Père vient nous rappeler alors avec force que seul Dieu est vraiment lui-même. Que nous tous, aimés chacun personnellement par Dieu, n’existons que dans une communauté avec tous les autres. Il faut accepter par cette prière d’être vraiment inséré dans la communauté des personnes créées.

Certes, Dieu ne se divise pas, et il est donné totalement à chacun comme Dieu. Oui, Sa Parole part toujours du plus intime de son être pour aller jusqu’au plus intime du mien. Oui, la Parole, la grâce qu’Il me donne ne sont donnés qu’à moi. Oui, il y a entre lui et moi un lien exclusif, un mystère que nul ne peut pénétrer. Bien sûr, je n’appartiens pas à une masse quand je vais vers Dieu. Mais cependant, c’est toujours comme créature, appartenant à l’humanité que Dieu a voulu « une », uni au Christ et membre du Corps du Christ, que je peux adresser la prière des enfants de Dieu. Quand nous prions, nous ne prions pas seul, ni pour nous seul, mais avec et pour tout le peuple car avec tout le peuple nous sommes un. Saint Cyprien nous rappelle ainsi que « le Dieu de la paix et le maître de la concorde, qui ont enseigné l’unité, ont voulu que chacun prie pour tous comme lui-même nous a tous portés en un ».

Père Ambroise Riché