Le jeûne qui plaît à Dieu – Edito 2018 n°25

À partir du 19 mars, nous vivrons cinq jours de jeûne paroissial, en communion dans l’effort de conversion de notre cœur.

Mais pourquoi donc jeûner, ne suffit-il pas seulement d’aimer ?
Benoît XVI dans sa lettre du carême 2009 donne le sens profond de la pratique du jeûne : elle traverse toute l’histoire du salut, depuis le premier commandement de Dieu adressé à l’homme dans la bible (« tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal »), jusqu’aux pratiques des premières communautés chrétiennes, en passant par tant d’épisodes où le jeûne exprime le retour d’un cœur contrit vers Dieu ou l’expression d’un désir de vivre sous la conduite de Dieu.

Et nous, pourquoi devrions-nous jeûner ?
Le jeûne nous est offert comme un moyen de renouer notre amitié avec le Seigneur. Le vrai jeûne, nous dit Jésus, consiste à faire la volonté du Père, à manger « la vraie nourriture », qui est de faire la volonté du Père. Si donc Adam désobéit à l’ordre du Seigneur, le croyant entend par la mortification du jeûne vivre joyeusement une libre soumission à la volonté du Père, et une humble remise de soi à sa bonté et à la miséricorde de Dieu. Saint Pierre Chrysologue écrit : « Le jeûne est l’âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne(…) Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié. »
Dans notre culture marquée par la recherche du bien-être personnel, la conscience de la valeur du jeûne s’est éteinte chez beaucoup de croyants. Avant d’être une thérapie pour le corps, il est une thérapie pour l’âme, et soigne ce qui l’empêche de se conformer à la volonté de Dieu. Par le jeûne, le chrétien apprend à mortifier son égoïsme, à ne plus vivre pour lui-même, mais pour Celui qui l’a aimé et s’est donné pour lui, et à vivre aussi pour ses frères. Le jeûne accompagné d’une pratique du partage ouvre nos cœurs à l’amour de Dieu et du prochain, unifie notre personne corps et âme dans la lutte contre le péché et nous permet de prendre conscience de la situation de nos frères dans la nécessité. Ainsi, nous montrons que le prochain en difficulté ne nous est pas étranger, que notre cœur est toujours éveillé, tourné vers la charité, l’accueil et le don à Dieu et à nos frères.

Le père Ambroise Riché