Homélie
13ème dimanche du Temps Ordinaire — Année C
Homélie du père Jean-Jacques Bodving
« Comme le temps approchait, Jésus prit avec courage la route de Jérusalem… » « Résolument » dit une autre traduction. Nous mettre à sa suite implique de marcher sur le même chemin que lui… Et nous pressentons bien, nous savons bien par expérience que cela ne peut pas se faire sans « y laisser quelques plumes… », pardonnez-moi l’expression…
Le courage dont Jésus a besoin pour prendre la route de Jérusalem est aussi nécessaire aux disciples qui veulent suivre le Maître ou qui sont directement appelés par lui.
Or cette dépossession de soi est loin de nous être naturelle. Il y a toujours quelque chose qui nous retient :
- L’un recherche le confort
- L’autre s’attache au passé
- Un autre encore est retenu par des liens affectifs…
Jésus vient bousculer tout cela et nous invite à passer par la porte étroite pour entrer dans le Royaume, … le Royaume : la priorité des priorités !
Serait-ce inhumain ? Serait-ce scandaleusement contraignant ?
Nous pouvons être tentés par ces questions et nous demander si un appel aussi radical, ne vient pas mettre entrave à notre liberté…or Saint Paul nous clame aujourd’hui que cette liberté nous vient de Dieu même ! N’y a-t-il pas là contradiction ?
C’est alors le moment de nous demander de quelle liberté nous rêvons !
Paul nous rappelle aussi que la liberté dont il parle, lui, n’a rien à voir avec l’indépendance libertine de celui qui voudrait n’en faire qu’à sa tête pour satisfaire sa petite personne…la liberté du Christ n’est pas de cette eau, pas plus que celle qu’il nous appelle à vivre !… Ce serait plutôt celle de choisir le meilleure et non pas ce qui nous plait plus, ce qui n’est tout de même pas la même chose : souvenons-nous de cette phrase de Saint Jean : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres ! »
Oui, une fausse conception de la liberté nous freine parfois dans notre marche avec le Christ…
Et puis aussi des désirs partagés : nous n’allons pas spontanément jusqu’au bout de ce qu’il y a de meilleur en nous :
- Nous voulons bien être généreux mais en même temps nous recherchons plus de confort, plus de tranquillité…
- Nous voulons bien prendre des risques, et en même temps nous recherchons tout ce qui nous apportera davantage de sécurité.
- Nous voulons bien nous engager, mais pas au point d’y sacrifier telle ou telle soirée voire un Week end…
- Nous voulons bien être humble de cœur mais nous revendiquons comme un droit plus de reconnaissance.
Constater cela ne doit pas nous décourager mais nous stimuler :
- D’abord parce que nous ne sommes pas étonnés de constater qu’il y a toujours un écart entre le programme des Béatitudes et la manière dont nous vivons.
- Mais aussi parce que nus croyons en l’Esprit Saint : nous savons que le progrès est possible et aussi la conversion.
Au cœur de ce monde difficile et au milieu d’activités quotidiennes souvent harassantes, saurons-nous cependant chercher avant tout le règne de Dieu ?
Nous ne voulons pas être « des chrétiens du dimanche », alors, nous prenons la route avec le Christ et nous acceptons de nous risquer pour Dieu et pour les autres.
Dans cette Eucharistie comme dans chaque Eucharistie, Jésus se donne à nous en nourriture pour nous rendre capables d’aimer comme Lui aime. Qu’il nous aide à mieux comprendre que la foi n’est pas d’abord un ensemble de vérités religieuses ni un code moral mais la réponse à un appel… Et qu’il nous aide aussi à donner cette réponse, avec générosité, confiance et humilité.