« Père » : la possibilité des faux dieux

Cycle de CATÉCHÈSE SUIVIE SUR LE NOTRE PÈRE

« Les idoles des nations : or et argent, ouvrage de mains humaines.
Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas. »
Ps 134,15-16

Il n’existe donc aucun événement, qui, par sa nature, nous ouvrirait ou nous fermerait l’accès à Dieu. Partout, et toujours un chemin conduit à Dieu. Mais, alors même que nous pensons avoir commencé à emprunter ce chemin en disant « Notre Père » ou que nous l’avons seulement entrevu, sommes-nous certain de l’avoir vraiment suivi jusqu’au bout ?

L’histoire des hommes nous montre une multitude d’exemples, de personnes douées d’une très grande piété, d’une âme très noble et d’une profonde intelligence, qui étaient persuadés que Dieu, ou plutôt le divin existait sous des formes multiples, et qui ont ainsi empruntés d’autres chemins. Nous pouvons penser par exemple au peuple grec, plus doué et intelligent que beaucoup d’autres peuples, plus pieux aussi et qui adressait ses prières à Zeus, Apollon ou Athéna. Il serait très présomptueux de penser que nous leur sommes supérieurement intelligents, et de regarder avec mépris cette piété en nous étonnant qu’une telle aberration ait pu exister.

En réalité, cet exemple nous montre qu’en fait, il y a dans la nature des choses et dans le sentiment religieux de tout homme quelque chose qui rend tout à fait possible de rencontrer des dieux ou du divin. Certains ont pensé ce divin comme une réalité, un tout indéterminé, un élément mystérieux qui coule dans les choses, un fond mystérieux d’où tout provient, ils étaient panthéistes. D’autres ont pensé le divin comme très lointain et éloigné du monde, ne pouvant être honoré qu’avec un infini recul. Il y a ainsi dans la nature des choses, à la racine des choses et dans les profondeurs de l’âme quelque chose qui nous attire vers cette façon de penser et d’entrer dans la piété. Cette possibilité qui se rencontre en tout homme et s’est exprimé dans de multiples cultes, ce mouvement possible du cœur de l’homme qui l’engage sur de fausses routes a bien souvent été suivi par de grands hommes et a rencontré des formes très hautes et très noble de pensée. Ces possibilités de fausser la réalité vivante de Dieu ne viennent pas seulement d’un pur hasard ou d’une bêtise de l’homme, mais du fond des choses elles-mêmes et de la nature de l’homme. Ainsi, chacun de nous est exposé à ce risque de déformer, de contrefaire l’image de Dieu et de nous égarer dans notre piété, dans notre piété sur le chemin qui mène à Dieu, même en appelant Dieu « Notre Père. »

Père Ambroise Riché