Dimanche 7 mars, nous avons accueilli la messe télévisée du jour du Seigneur à Saint-Saturnin. Déjà, en 2009, la paroisse avait accueilli l’équipe du Jour du Seigneur.
Mais l’édition de 2021 avait cette particularité d’être centrée autour de la prière pour le Liban avec la communauté libanaise. La série du carême des célébrations du Jour du Seigneur, tenait en effet à rejoindre des lieux de souffrance (comme Nice marqué par les récents attentats ou l’hôpital de la Pitié Salpêtrière en ce temps d’épidémie) et en particulier Beyrouth et le Liban durement frappés par l’explosion du mois d’août et la crise économique.
Ne pouvant se rendre à Beyrouth, l’équipe a choisi une paroisse française qui avait déjà des liens avec la communauté libanaise, d’où la célébration du 7 mars. Le choix a été fait de choisir une paroisse française, avec ses équipes et sa liturgie, tout en invitant Mgr César ESSAYAN, vicaire apostolique de Beyrouth de rite latin, et un représentant de l’Œuvre d’Orient pour cette célébration.
Le projet a demandé près de trois mois de préparation, entre les premiers contacts et la retransmission en direct. Olivier LEBOUCHÉ, responsable de la liturgie de la paroisse, a coordonné la mise en place de la célébration avec les équipes du Jour du Seigneur. Dès le vendredi 5 mars, un imposant matériel a été installé pour filmer notre église sous tous les angles et obtenir une sonorisation des tous les acteurs de la liturgie. Une belle aventure qui a mis en valeur la restauration de Saint-Saturnin et été suivie par près d’un million de téléspectateurs, tant en France qu’au Liban.
P. Olivier LEBOUTEUX
Revoir l’émission et la messe
« Relève-toi », 3e dimanche de Carême avec le Liban
Pour ce 3e dimanche de carême, Le Jour du Seigneur consacre son émission à la communauté libanaise, sous le choc de l’explosion du 4 août 2020 à Beyrouth et éprouvée par des années de crise. La messe est célébrée en direct d’Antony, avec la communauté libanaise du lieu.
La messe est célébrée en partenariat avec l’association Œuvre d’Orient, mobilisée auprès des chrétiens du Liban et de 22 autres pays au Moyen-Orient, dans la corne de l’Afrique, en Europe orientale et en Inde. En temps de guerre comme de paix, elle soutient l’action des évêques, prêtres et congrégations religieuses qui interviennent auprès de tous, sans considération d’appartenance religieuse.
En direct de l’église Saint-Saturnin à Antony (Hauts-de-Seine)
Président et prédicateur : Mgr César Essayan, vicaire apostolique de Beyrouth pour les catholiques de rite latin du Liban
Cette messe, portée par la communauté libanaise d’Antony, intègre plusieurs codes de la culture et du rite catholiques orientaux dans la liturgie.
En partenariat avec l’Œuvre d’Orient
Pour commander une copie DVD de l’émission, contacter La Procure au Tél. : 01 45 49 00 40 ou par adresse postale à : Librairie La Procure – Service Client, 3, rue de Mézières, 75006 Paris
Texte de l’homélie
Prédicateur : Mgr César Essayan
Paroisse : Eglise Saint-Saturnin, Antony
Le chapitre deux de saint Jean s’ouvre sur les Noces de Cana puis suit directement l’évangile que nous venons d’écouter. La célébration d’un mariage qui ne se termine jamais parce que le bon vin a été laissé jusqu’à la fin, comme pour nous dire : faites attention, si maintenant commence le bon vin, alors attendez-vous à quelque chose de meilleur encore. Puis voilà que Jésus, juste après, monte à Jérusalem, fait un fouet avec des cordes et chasse les marchands de bœufs, de brebis, de colombes et les changeurs. Un contraste étonnant et qui me pousse à me demander : Pourquoi ?
Vous savez comme moi, chers fidèles et téléspectateurs que Jésus a souvent discuté violemment avec les pharisiens, mais jamais il n’est passé à l’acte. Ici, au contraire. Il semble que rien ne l’arrête. Sa colère est à son comble. Seigneur, pourquoi ? les marchands du temple ont toujours existé, tes parents ont dû, eux aussi acheter, deux colombes lors de ta présentation. Alors Seigneur, pourquoi ?
Je crois qu’il y a bien une raison fondamentale. Jésus dit : “Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce”. Les rituels comme l’observance des commandements, les sacrifices, sont le signe d’une relation d’amour avec Dieu et non une façon d’acheter ses faveurs. Dieu n’a donné les commandements à Moïse et au peuple juif qu’après l’avoir fait sortir du pays où il était tenu en esclavage et ses commandements sont autant le signe de l’amour de Dieu pour son peuple que l’engagement de ce même peuple à aimer Dieu et son prochain comme il a été lui-même aimé de Dieu.
Faire de la maison de Dieu une maison de commerce, c’est faire violence à Dieu lui-même. Traiter Dieu en commerçant qui attend nos sacrifices et nos souffrances pour nous sauver et nous libérer, c’est lui faire violence. Réduire Dieu à une série de commandements, c’est lui faire violence. Croire que Dieu compte nos actions bonnes ou mauvaises pour nous ouvrir les portes du paradis ou sinon nous envoyer en enfer, c’est aussi lui faire violence.
Jésus dénonce les fausses images que nous nous faisons de Dieu son Père et donc de notre relation avec lui. La maison de Dieu est une maison de prière, d’accueil et de don réciproques. C’est là où les amants, Dieu et moi, Dieu et nous, nous rencontrons dans la tendresse de l’amour et la communion. En Dieu, tout est amour et communion. Il ne peut y avoir du commerce. Peut-être est-ce là la raison qui a poussé saint Jean à nous raconter cet épisode de la vie de Jésus juste après les noces de Cana.
Une autre raison pour la colère de Jésus est que la relation entre nous dépend fortement de notre regard sur Dieu. Si je pense que Dieu est un commerçant, j’agirais en commerçant avec les autres mais si je crois que Dieu est communion, alors je chercherais à vivre l’amour et la communion avec tous au-delà des frontières quelles qu’elles soient.
Jésus nous invite donc, en ce troisième dimanche de Carême, à purifier notre regard sur Dieu et à vivre nos relations avec les autres aux dimensions de l’amour de Dieu pour nous. Dimanche prochain, nous écouterons encore une fois saint Jean. Il nous dira : “Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui… obtienne la vie éternelle” (Jn 3, 16).
Chers amis, merci de m’accueillir et la communauté libanaise en pèlerins dans vos lieux de vie à travers vos postes de télévision. Le Liban vit dans la violence depuis beaucoup trop d’années. Dans sa lettre aux libanais à l’occasion de Noël, le pape François nous a écrit : “Comme le cèdre, puisez aux profondeurs de vos racines du vivre ensemble pour redevenir un peuple solidaire… puissiez-vous tirer profit des contingences du moment présent pour redécouvrir votre identité, celle qui consiste à porter au monde entier le parfum du respect, de la cohabitation et du pluralisme… ; l’identité d’un peuple qui n’abandonne pas le rêve de ceux qui ont cru en l’avenir d’un pays beau et prospère”.
Respect, vivre-ensemble, pluralisme, c’est l’identité et la vocation du Liban. Personne, ni aucun pays, ne peut survivre à la défiguration de son identité et donc de sa vérité.
Que ce temps de carême soit pour nous un temps de redécouverte de la vérité de Dieu et de la nôtre. Car, c’est de la rencontre de nos vérités que jaillira la résurrection.
Amen.