« Père », l’adoration du vrai Dieu : Le Père de Jésus Christ

Cycle de CATÉCHÈSE SUIVIE SUR LE NOTRE PÈRE

« Béni soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ »
(2 Co 1,3 / Ep 1,3/ 1 P 1,3)

La prière du Notre Père nous montre le chemin vers le vrai Dieu à condition de bien la prier, de la prier comme elle nous a été enseigné. Si tu veux dans ta prière parvenir à Dieu, au Père, tu dois Le chercher là où est Celui qui t’enseigne à prier avec ces paroles. Tu ne peux t’approcher de Dieu et aller vers Lui qu’en t’approchant du Christ et en allant vers Dieu en même temps que Lui. Car Dieu est le Père de Notre Seigneur Jésus Christ. « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. » (Jn 1,18). Pour trouver Dieu, le mouvement de notre cœur et de notre Esprit doit penser Dieu tel que Jésus le pense quand il parle de Dieu. Il faut s’adresser à Celui auquel Jésus s’adresse quand Il parle à son Père. « Personne ne va vers le Père sans passer par moi ». (Jn 14,6) Qui est Dieu ? Dieu est Celui à qui parle Jésus quand Il parle à Son Père. Pour trouver le Père, il faut donc entendre et écouter Jésus prier, et voir Jésus prier. « Celui qui m’a vu, a vu le Père. » (Jn 14,9).

N’est-ce pas là une contrainte imposé à notre sentiment religieux naturel ? Pourquoi n’ai-je pas le droit de chercher et de trouver Dieu, dans la forme qui me convient, selon la voie qui m’est adaptée, selon ce que les mouvements de mon cœur, de mon âme me disent, finalement, selon ce que ma nature semble vouloir ? Tout simplement, parce que tu peux t’égarer, parce tu peux rencontrer une fausse image de Dieu, tu peux te laisser prendre par une simple glorification de toi-même ou par les embuches dressées par l’ennemi. Pour aller à Dieu, passe par Jésus. Pour connaître le vrai Père, laisse Jésus t’enseigner qui est le Père, et comment il est Père.

Nous devons veiller à ce que lorsque nous parlons du Père, il s’agisse de la vraie paternité. Toutes les religions ont-elles-aussi un Père céleste : Zeus pour les grecs, Jupiter pour les romains, Wotan pour les germains, un Père qui est une puissance qui trône et règne, et gouverne paternellement toute chose, en embrassant le monde. Or cela n’a rien à voir avec le Père de Jésus-Christ. Ce que pense le Christ est tout autre quand il parle du Père des cieux. Il ne pense pas à une simple bonté toute-puissante embrassant le monde, une puissance qui engendre et agit d’en-haut.

Le Père de Jésus-Christ, le Dieu tout-puissant qui a fait le ciel et la terre et qui règne sur eux, est Celui auquel il a plu dans le dessein de son amour de faire des hommes ses enfants : non pas par nature, par essence, par nécessité, mais par une alliance conclue dans son Fils suivant son projet initial par lequel il avait mis en chacun son image. « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » (Ep 1,3-5)

Ainsi, Je ne dis pas à Dieu Père parce que je me sens uni à un tout, ou parce que j’éprouve le sentiment indéterminé d’être embrassé dans un ensemble, mais à cause des mots que le Christ me laisse dans cette prière, mots qui expriment ce que le Père a réalisé en nous par le Christ. Je dois me laisser surprendre par cela, me demander comment mon Créateur s’adresse à moi en me disant « mon fils ». Il faut lui demander de nous expliquer, de nous aider à comprendre intérieurement, de nous enseigner comment. A cause de ce qu’il a accompli en nous : à cause du don de la filiation fait au baptême : non par nature, mais par grâce. Je dois en être reconnaissant et m’en émerveiller. Il ne faut pas que le mystère de cette paternité divine soit confondu avec d’autres. Il faut que j’apprenne à dire Père selon le cœur de Jésus, plutôt que de laisser ce mystère extraordinaire, intime, ce mystère de grâce, se perdre et se fausser dans l’imprécision. Il nous est si facile de tomber dans nos travers, de nous représenter le Père céleste avec le vague sentiment d’une protection tutélaire. Le Notre Père nous met en garde. Ce n’est pas en raison des forces de la nature mais à cause des dons de la grâce et de la foi que je suis fils. « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. » Jn 1,12. Or nous le savons bien : la foi n’est pas qu’une certitude, bien possédée mais elle est aussi un exercice. Il me faut donc m’exercer, apprendre et réapprendre à dire Père avec et comme le Christ, selon ce qu’il dit lui-même du Père dans ses paraboles et discours, selon la manière dont il vit lui-même comme Fils. Il nous faut grandir dans notre dignité de fils et fille de Dieu, jusqu’à la maturité de celui qui adhère pleinement à la volonté du Père : « non pas ma volonté mais la tienne ». Il s’agit du sérieux, de la précision de notre foi, qui doit ne pas succomber aux vagues sentiments lyriques. Peut-être que passer par la voie du Christ peut nous sembler étroit et contraignant mais c’est la seule condition pour demeurer vraiment libre, rencontrer le vrai Dieu et ne pas succomber à l’esclavage de nos propres idoles.

Père Ambroise Riché