L’éternité reçue, Martin STEFFENS

Martin STEFFENS

L’éternité reçue

Desclée de Brouwer, Paris, 2017, 246 pages, 18,90 €

Professeur de philosophie, spécialiste de Nietzsche et de Simone Weil, Martin Steffens nous introduit dans cet ouvrage à une profonde méditation sur la vie et sur la mort. Pour les familiers de ses ouvrages précédents, la découverte de ce dernier essai apparaîtra plus difficile d’accès. L’approche philosophique suppose en effet de se laisser conduire dans des raisonnements pour lesquels l’auteur lui-même invite son lecteur « à la patience et à l’audace ». Il invite à poursuivre la lecture « même si on sent qu’elle nous dépasse un peu ». Comme une marche en montagne, le lecteur persévérant ne sera pas déçu de la hauteur de vue que propose ce cheminement qui nous plonge au cœur de ce qui constitue nos raisons de vivre… et de mourir. En partant de la réflexion d’Etty Hillesum : « J’ai réglé mes comptes avec la vie, il ne peut plus rien m’arriver (…). En disant : « j’ai réglé mes comptes avec la vie », je veux dire : l’éventualité de la mort est intégrée à ma vie ; regarder la mort en face et l’accepter comme partie intégrante de la vie, c’est élargir la vie », l’auteur commence par nous rappeler la primauté et le prix de la vie. Puis il invite son lecteur à consentir à ces « petites morts » qui jalonnent l’existence avant de nous plonger dans une méditation sur la dépossession totale que suppose la mort. Il nous conduit enfin à considérer la résurrection à l’œuvre dans notre vie où s’opère le jugement. Occasion de redonner à tous nos gestes et nos paroles leur poids d’éternité et à vivre pleinement cette vie fragile et éphémère, mais appelée à l’éternité. En ce mois de novembre, où l’Eglise médite plus particulièrement sur la mort et les fins dernières, je recommande la lecture de cet ouvrage qui bouscule et pointe les vrais enjeux de notre vie « maintenant et à l’heure de notre mort ».

P. Olivier LEBOUTEUX